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L'APPEL DE LA FORÊT
par Éric Donnet, directeur général de Groupama Immobilier

Le 28 octobre dernier, après les dramatiques feux de forêts estivaux, le Président de la République annonçait un objectif spectaculaire : la plantation d’un milliard d’arbres d’ici 2032, soit 100 millions par an.

Cette ambition répond à une absolue nécessité, pas seulement dans une approche défensive – replanter les arbres partis en fumée – mais aussi dans approche offensive : augmenter la capacité de nos forêts à capter du carbone, qui s’est effondrée ces dernières années (-40% depuis 2015 selon le dernier rapport du Haut Conseil pour le Climat).

Une question demeure : qui va planter ces millions d’arbres ?

L’État seul ne le pourra pas. Il est face à une réalité physique et juridique : il ne possède avec les collectivités qu’un quart des forêts en France. Il faudra donc une grande mobilisation nationale, rassemblant acteurs publics et privés, qui devront ensemble répondre à « l’appel de la forêt ».

 

Parmi ces grands acteurs privés, certains investissent déjà depuis des décennies. C’est le cas de Groupama Immobilier, 3e propriétaire de forêts en France, qui a planté 13 millions d’arbres ces vingt dernières années. Mais il y a aussi tous les autres, entreprises, fonds, institutionnels, voire particuliers, qui n’investissent pas (encore) dans les forêts.

J’appelle donc à la création d’un grand fonds national pour les forêts. Un fonds « bleu blanc vert », qui permettrait d’acquérir, d’entretenir et de replanter les forêts françaises.

Ce fonds aura pour mission de révéler l’immense valeur que recèlent nos forêts :

Une valeur écologique : les forêts rendent des services en termes de captation carbone, on l’a dit, mais aussi en matière de biodiversité et de paysage. Demain, ces services seront valorisés économiquement. On peut imaginer sans faire de science-fiction que d’ici 2030, la tonne carbone ou la préservation de la biodiversité auront un équivalent en euros. Les actifs verts deviendront mécaniquement plus attractifs que les actifs polluants. La valeur de nos forêts résidera aussi dans la qualité des plantations réalisées, avec des essences d’arbres diversifiées, résilientes et adaptées aux nouveaux climats.

 

Une valeur industrielle : la France possède la 3e plus grande forêt d’Europe mais elle est aussi l’un des plus grands importateurs de bois d’Europe. Aujourd’hui, le bâtiment fait majoritairement appel à du bois qui n’est pas Français. Il est donc temps de reconstituer une filière « souveraine ». Dans les dix ans qui viennent, la France devra accueillir des « gigafactories » de transformation du bois et de production de matériaux de construction. A condition bien sûr de ne pas entrer en contradiction avec la première valeur – écologique – de nos forêts, et d’être intransigeant sur une exploitation durable et responsable (coupes sélectives d’arbres matures…).

 

Une valeur récréative, enfin : la France, leader touristique mondial, a les moyens (et le devoir) d’inventer un nouveau tourisme forestier, qui visera le zéro empreinte au sol et le zéro carbone et qui rencontrera puissamment les aspirations de notre temps (déconnexion, frugalité, réduction du bilan carbone individuel).

Valorisation de la tonne carbone et de la biodiversité, réactivation de la filière bois, invention d’un nouveau tourisme… Autant de sources de valeur inexploitées, et d’incitations à investir dans nos forêts.

La création du grand fonds national que j’appelle de mes vœux est débattu ces jours-ci à l’Université de la Ville de demain.

Les leaders du monde public, de la sphère privée et de la société civile y sont rassemblés. Mon souhait est qu’à l’issue de ces 24 heures, l’ensemble des forces françaises répondent à cet « appel de la forêt ». Et qu’elles décident de relever ensemble le défi : planter un milliard d’arbres d’ici dix ans.

IL FAUT INVESTIR
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